Sammlung der Entscheidungen des Schweizerischen Bundesgerichts
Collection des arrêts du Tribunal fédéral suisse
Raccolta delle decisioni del Tribunale federale svizzero

II. Zivilrechtliche Abteilung, Beschwerde in Zivilsachen 5A.755/2019
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Bundesgericht

Tribunal fédéral

Tribunale federale

Tribunal federal

               

5A_755/2019

Arrêt du 12 décembre 2019

IIe Cour de droit civil

Composition

MM. et Mme les Juges fédéraux Herrmann, Président, Bovey et Truttmann, Juge
suppléante.

Greffier : M. Braconi.

Participants à la procédure

A.________,

représentée par Me Rachel Cavargna-Debluë, avocate,

recourante,

contre

Justice de paix du district de Morges,

Objet

curatelle,

recours contre l'arrêt de la Chambre des curatelles du Tribunal cantonal du
canton de Vaud du 22 août 2019

(OC10.032317-191198 147).

Faits :

A. 

Par décision du 28 novembre 2017, la Justice de paix du district de Morges a
nommé B.________ en qualité de curatrice de sa tante, A.________, dans le cadre
d'une curatelle de représentation et de gestion, au sens des art. 394 al. 1 et
395 al. 1 CC, instituée en faveur de celle-ci les 14 septembre 2010 et 27 mai
2014.

B. 

Le 7 mai 2018, Me C.________, notaire à U.________, a instrumenté le testament
authentique de G.________; aux termes de cet acte, les héritiers légaux de la
testatrice - à savoir ses enfants D.________ et A.________ - étaient réduits à
leurs réserves et ses petites filles - à savoir E.________, F.________ et
B.________ - étaient instituées héritières et se partageaient la quotité
disponible. Me C.________ était institué en qualité d'exécuteur testamentaire.

G.________ est décédée le 16 avril 2019.

C. 

Par courrier du 1er mai 2019, Me C.________, en sa qualité d'exécuteur
testamentaire, a attiré l'attention sur le conflit d'intérêts existant entre
A.________ et B.________ dans le cadre de la succession de G.________; il a
suggéré que I.________, étudiante en masteren droit et future
stagiaire-notaire, soit désignée en tant que curatrice à la place de
B.________.

D. 

Par décision du 9 mai 2019, la Justice de paix du district de Morges a nommé Me
H.________ en qualité de curateur substitut de A.________ au sens de l'art. 403
CC et l'a chargé de la représenter dans le cadre de la succession de
G.________.

Par arrêt du 22 août 2018, la Chambre des curatelles du Tribunal cantonal du
canton de Vaud a rejeté le recours formé par A.________ et confirmé la décision
attaquée.

E. 

Par acte du 23 septembre 2019, A.________ interjette un recours en matière
civile au Tribunal fédéral contre l'arrêt cantonal. Elle conclut à sa réforme
en ce sens que I.________ est nommée en qualité de substitut de la curatrice au
sens de l'art. 403 CC, subsidiairement qu'un curateur juriste, et non titulaire
du brevet d'avocat ou de notaire, soit nommé à cette fonction.

Des observations n'ont pas été requises.

Considérant en droit :

1.

1.1. Le recours a été déposé en temps utile (art. 100 al. 1 LTF) contre une
décision finale (art. 90 LTF) rendue en matière de protection de l'adulte (art.
72 al. 2 let. b ch. 6 LTF) par un tribunal supérieur statuant sur recours (art.
75 al. 1 et 2 LTF). La recourante, qui a participé à la procédure devant
l'autorité précédente et possède un intérêt digne de protection à la
modification ou l'annulation de l'arrêt attaqué, a qualité pour recourir (art.
76 al. 1 LTF).

1.2. Le recours en matière civile peut être formé pour violation du droit tel
qu'il est délimité par les art. 95 s. LTF. Le Tribunal fédéral applique le
droit d'office (art. 106 al. 1 LTF); il ne connaît toutefois de la violation de
droits fondamentaux que si un tel grief a été expressément invoqué et motivé de
façon claire et détaillée (art. 106 al. 2 LTF; ATF 142 III 364 consid. 2.4 et
les arrêts cités).

Le Tribunal fédéral statue en outre sur la base des faits établis par la
juridiction précédente (art. 105 al. 1 LTF); il ne peut s'en écarter que si ces
faits ont été constatés de façon manifestement inexacte - à savoir arbitraire
au sens de l'art. 9 Cst. (ATF 143 I 310 consid. 2.2) - ou en violation du droit
au sens de l'art. 95 LTF, et si la correction du vice est susceptible d'influer
sur le sort de la cause (art. 97 al. 1 LTF; ATF 134 V 53 consid. 3.4). Il
s'ensuit que le " rappel des faits " contenu dans le mémoire ne peut être pris
en considération qu'en présence d'un grief dûment motivé en relation avec leur
établissement.

1.3. Le Tribunal fédéral ne revoit qu'avec retenue l'exercice du pouvoir
d'appréciation dont dispose l'autorité cantonale quant à la personne du
curateur (art. 4 CC; arrêt 5A_310/2016 du 3 mars 2017 consid. 5.1); il
n'intervient que lorsqu'elle a excédé son pouvoir d'appréciation ou en a abusé,
aboutissant ainsi à un résultat manifestement injuste ou à une iniquité
choquante (ATF 145 III 49 consid. 3.3, avec la jurisprudence mentionnée).

2.

2.1. Dans un premier moyen, la recourante se plaint de constatations
arbitraires des faits au sens des art. 9 Cst. et 97 al. 1 LTF. En bref, elle
expose qu'il n'est pas démontré que la liquidation de la succession de
G.________ sera aussi complexe que celle de son feu mari, d'autant que
l'autorité précédente a retenu que son testament ne comporte que trois articles
et " n'apparaît pas extrêmement compliqué "; en outre, le nouveau curateur ne
devra traiter que des questions administratives, les aspects juridiques étant
réglés par l'exécuteur testamentaire. Dans ces circonstances, il est arbitraire
de retenir que la succession de G.________ sera complexe et que la nomination
d'un avocat en qualité de curateur s'avère nécessaire. Aucun élément ne permet
d'admettre, au surplus, que I.________ effectuerait son stage au sein de
l'étude de Me C.________, a fortiori au service de ce dernier, de sorte qu'il
est arbitraire de retenir un conflit d'intérêts qui empêcherait la désignation
de la prénommée en tant que curatrice ad hoc. Enfin, l'arrêt attaqué ne
constate pas que le mandat de Me J.________ - ancien curateur substitut dans la
liquidation de la succession de feu son époux - s'est " relativement mal
 déroulé "; or, le curateur contesté fait précisément partie de la même étude.

2.2. Les critiques de la recourante consistent pour l'essentiel à remettre en
cause, non pas la constatation des faits, mais bien leur appréciation juridique
par l'autorité précédente, question qui ressortit à l'application du droit ( cf
. parmi plusieurs: arrêt 4A_397/2014 du 17 décembre 2014 consid. 3.3.1); c'est
donc dans ce cadre qu'il y a lieu d'en débattre. En   revanche, s'agissant plus
particulièrement de I.________, l'autorité cantonale n'a pas constaté qu'elle "
effectuerait son stage " auprès de Me C.________; en outre, elle n'a pas refusé
de la nommer en raison d'un potentiel conflit d'intérêts, mais parce qu'elle ne
disposait - en regard de Me H.________ - ni de l'expérience, ni des
connaissances adéquates pour accomplir sa mission. Quant au degré de complexité
de la tâche, les magistrats cantonaux n'ont pas davantage retenu que la
liquidation de la succession de l'époux de G.________ avait été " complexe " et
réclamait des " connaissances particulières en droit des successions "; l'arrêt
attaqué se réfère ici à la décision des premiers juges. Quoi qu'il en soit, ils
n'ont pas considéré que la succession en cause était aussi complexe de ce
simple fait, mais ont exposé d'autres motifs qui seront examinés plus loin ( 
infra, consid. 3.2) 

3.

3.1. La recourante dénonce, dans un deuxième grief, une violation de l'art. 401
CC. Elle reproche à la juridiction précédente de ne pas avoir donné suite à sa
demande tendant à la désignation de I.________ en tant que curatrice ad hoc
 pour la représenter dans la succession de sa mère: elle fait valoir que cette
succession est simple et qu'elle sera gérée par l'exécuteur testamentaire, de
sorte qu'il n'y a nul besoin que le curateur de substitution soit un avocat; à
cet égard, la prénommée, titulaire d'un masteren droit avec une mention droit
privé et fiscal du patrimoine, dispose des compétences nécessaires pour la
représenter dans la succession. Ce ne serait, au demeurant, qu'en raison de sa
seule qualité d'héritière, et non pour l'insuffisance de ses compétences
juridiques, que B.________ s'est vu retirer le droit de la représenter dans la
succession.

3.2. En l'espèce, il n'est pas contesté qu'un curateur de substitution s'avère
nécessaire en raison de l'existence d'un conflit d'intérêts. Seule reste ainsi
litigieuse la question de sa personne et, plus généralement, des exigences
requises pour l'exercice de sa tâche.

3.2.1. L'autorité de protection de l'adulte nomme curateur une personne
physique qui possède, en particulier, les aptitudes et les connaissances
nécessaires à l'accomplissement des tâches qui lui seront confiées et les
exécute en personne (art. 400 al. 1, 1ère phrase, CC); aux termes de l'art. 401
al. 1 CC, lorsque la personne concernée propose une personne comme curateur,
l'autorité de protection accède à son souhait, pour autant que la personne
proposée remplisse les conditions requises et accepte la curatelle. Parmi les
éléments déterminants pour juger de cette aptitude figurent notamment le fait
de posséder les compétences professionnelles requises pour accomplir ces
tâches, de disposer du temps nécessaire à cette fin et de les exécuter en
personne, mais aussi de ne pas se trouver en situation de conflit d'intérêts
(ATF 140 III 1 consid. 4.2; arrêt 5A_345/2015 du 3 juin 2015 consid. 3.1);
l'autorité de protection est tenue de vérifier d'office la réalisation de cette
condition, devoir qui incombe aussi à la juridiction de recours (arrêt 5A_345/
2015 précité consid. 3.1 et les citations). Si elle entend s'écarter du voeu de
la personne concernée, l'autorité de protection doit motiver sa décision et
exposer les motifs ayant fondé le rejet de cette proposition (arrêt 5A_904/2014
du 17 mars 2015 consid. 2.2).

3.2.2. L'autorité précédente a retenu que, si le testament n'apparaissait
certes pas extrêmement compliqué, le partage successoral pourrait se révéler
complexe, dès lors que ce patrimoine était composé essentiellement de biens
immobiliers et qu'une convention de partage devrait vraisemblablement être
établie; il était en outre important que le curateur substitut bénéficie de
suffisamment d'expérience, afin de ne pas être influencé par les autres membres
de la communauté héréditaire. Elle a également considéré que la " 
spécialisation FSA " du curateur désigné permettrait à celui-ci d'appréhender
facilement les questions juridiques qui pourraient se poser, sans que cela
n'entraîne nécessairement un surcoût pour la recourante. Vu les enjeux
financiers, le recours aux services d'un avocat n'était, quoi qu'il en soit,
pas disproportionné.

3.2.3. La recourante se contente d'expliquer que la succession serait dépourvue
de toute complexité au motif que le testament est " bref et simple ", mais elle
ne conteste ni la complication liée à la composition essentiellement
immobilière du patrimoine successoral, ni la probable nécessité d'établir une
convention de partage. Dans ces circonstances, vu la retenue qui s'impose au
Tribunal fédéral à l'égard des questions d'appréciation ( supra, consid. 1.3),
on ne saurait reprocher à l'autorité cantonale d'avoir considéré que la
succession présentait une certaine complexité justifiant une expérience
suffisante et des connaissances juridiques spécifiques. La recourante ne
conteste, par ailleurs, ni que l'expérience du curateur désigné ferait échec au
risque d'influence des autres membres de la famille, ni que sa spécialisation
FSA éviterait le cas échéant des frais supplémentaires. S'il n'appartient
certes pas au curateur de substitution d'établir lui-même la convention de
partage, ce que la juridiction précédente n'a au reste jamais prétendu, on ne
peut reprocher à celle-ci d'avoir estimé que ses connaissances spécifiques lui
permettraient de défendre au mieux la position de la recourante. De plus,
l'intéressée ne nie pas que, vu les enjeux financiers, le recours à un avocat
n'apparaît pas disproportionné.

On ne saurait, au demeurant, comparer la situation de la recourante à celle des
autres cohéritiers, qui ne font, quant à eux, pas l'objet d'une mesure de
curatelle; le fait que ceux-ci ne disposent pas non plus de connaissances
spécifiques en matière successorale n'est dès lors pas pertinent. En outre,
contrairement à ce qu'affirme la recourante, il n'est pas établi que c'est
uniquement l'existence d'un conflit d'intérêts qui a fait obstacle à ce que
B.________ soit autorisée à représenter la recourante dans la succession de sa
mère; en effet, l'existence d'un tel conflit dispensait l'autorité de
protection d'examiner les autres critères d'aptitude posés par la loi.

Ainsi, I.________ ne disposant pas de l'expérience nécessaire, ni de
compétences spécifiques en droit des successions, c'est sans abuser de son
pouvoir d'appréciation que la juridiction cantonale s'est écartée du voeu
exprimé par la recourante. Il s'ensuit que le moyen pris d'une violation de
l'art. 401 CC doit être rejeté.

4.

4.1. Dans un dernier grief, la recourante soutient que, si I.________ devait
être écartée, il faudrait renoncer à nommer Me H.________, car celui-ci exerce
au sein du même cabinet que Me J.________, qui avait été désigné curateur de
substitution dans la succession de son père; la liquidation de cette succession
" s'était avérée compliquée " et se serait " relativement mal déroulée ", à
tout le moins du point de vue des héritiers. Me H.________ ne serait dès lors
pas un curateur de confiance.

4.2. Contrairement à ce que prétend la recourante, l'autorité cantonale n'a pas
ignoré que les avocats prénommés étaient associés, mais elle a considéré que
l'intéressée n'avait pas expliqué en quoi la désignation de Me H.________
serait de nature à engendrer un conflit d'intérêts. La recourante se réfère,
certes, à l'existence de difficultés suscitées par l'intervention de Me
J.________ à l'époque, mais elle n'en précise pas la nature. Quoi qu'il en
soit, elle ne démontre pas en quoi le fait que le curateur désigné et Me
J.________ sont associés rendrait celui-là indigne de confiance ou susciterait
un quelconque conflit d'intérêts. Il n'est au demeurant ni allégué ni établi
que les deux avocats seraient amenés à collaborer dans la présente affaire ou
que Me J.________ serait amené à entretenir un quelconque contact avec la
recourante; il n'existe dès lors aucun motif d'admettre que Me H.________
serait indigne de confiance ou en proie à un conflit d'intérêts. Le grief doit
ainsi être rejeté.

5. 

En définitive, le présent recours doit être rejeté dans la mesure de sa
recevabilité, aux frais de la recourante (art. 66 al. 1 LTF).

Par ces motifs, le Tribunal fédéral prononce :

1. 

Le recours est rejeté dans la mesure où il est recevable.

2. 

Les frais judiciaires, arrêtés à 2'000 fr., sont mis à la charge de la
recourante.

3. 

Le présent arrêt est communiqué à la recourante, à la Justice de paix du
district de Morges et à la Chambre des curatelles du Tribunal cantonal du
canton de Vaud.

Lausanne, le 12 décembre 2019

Au nom de la IIe Cour de droit civil

du Tribunal fédéral suisse

Le Président : Herrmann

Le Greffier : Braconi