Sammlung der Entscheidungen des Schweizerischen Bundesgerichts
Collection des arrêts du Tribunal fédéral suisse
Raccolta delle decisioni del Tribunale federale svizzero

Strafrechtliche Abteilung, Beschwerde in Strafsachen 6B.691/2012
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Bundesgericht
Tribunal fédéral
Tribunale federale
Tribunal federal

{T 0/2}
6B_691/2012

Arrêt du 21 février 2013
Cour de droit pénal

Composition
MM. les Juges fédéraux Mathys, Président,
Schneider et Denys.
Greffière: Mme Gehring.

Participants à la procédure
X.________,
recourant,

contre

1. Ministère public de la République et canton de Genève, route de Chancy 6B,
1213 Petit-Lancy,
2. Y.________,
intimés.

Objet
Observation des délais (art. 91 al. 3 CPP), restitution (art. 94 CPP)

recours contre l'arrêt de la Cour de justice du canton de Genève, Chambre
pénale d'appel et de révision, du 9 octobre 2012.

Faits:

A.
X.________ a été reconnu coupable d'appropriation illégitime et condamné à 30
jours-amende à 30 fr., avec sursis pendant deux ans, par le Tribunal de police
de la République et canton de Genève (ci-après : le Tribunal de police) aux
termes d'un jugement rendu le 20 février 2012.

B.
Saisie sur appel du prénommé, la Chambre pénale d'appel et de révision de la
Cour de justice du canton de Genève a considéré la déclaration d'appel comme
tardive et par conséquent irrecevable aux termes d'un arrêt rendu le 9 octobre
2012. Ce dernier est fondé sur les éléments suivants.
A l'issue de l'audience du 20 février 2012, X.________ a annoncé appeler de sa
condamnation par le Tribunal de police. Les motifs du jugement lui ont été
notifiés le 20 mars suivant, de sorte que le délai pour déposer la déclaration
d'appel de 20 jours arrivait à échéance le lundi de Pâques 9 avril 2012, délai
reporté au lendemain 10 avril 2012. X.________ a adressé sa déclaration d'appel
par voie électronique au moyen d'un courrier sécurisé envoyé le 11 avril 2012 à
19:54:57. L'envoi ayant échoué (statut : non distribuable), il a renouvelé
l'opération à 20:13:35, avec succès (statut : accepté). La confirmation de
réception a été émise le 11 avril 2012.

C.
X.________ interjette un recours en matière pénale à l'encontre de l'arrêt
cantonal dont il requiert l'annulation en concluant au renvoi de la cause à
l'instance cantonale afin qu'elle statue sur le fond du dossier. Il requiert en
outre le bénéfice de l'assistance judiciaire.

Invités à se déterminer sur le recours, la Chambre pénale d'appel et de
révision de la Cour de justice genevoise s'est référée à son arrêt, tandis que
le Ministère public et Y.________ ont conclu au rejet.

Considérant en droit:

1.
1.1 Le recourant conteste l'irrecevabilité frappant sa déclaration d'appel.

1.2 Selon la cour cantonale, il appartenait à l'appelant de se prémunir contre
les risques d'un problème technique, lequel pouvait toujours survenir avec un
système informatisé. L'appelant, qui aurait dû anticiper pour procéder à son
envoi, n'avait en outre pas argué d'un problème de santé qui l'aurait affecté à
fin mars-début avril 2012, voire durant le week-end pascal, au point qu'il
n'aurait pas pu gérer ses affaires comme il le souhaitait. Au demeurant, un
envoi postal aurait pu représenter une alternative valable, pour autant que
l'appelant n'eût pas attendu le dernier moment pour envoyer sa déclaration
d'appel. Le défaut de respect du délai pour le dépôt de la déclaration d'appel
n'était pas dû à un empêchement non fautif, la négligence de l'appelant étant
seule en cause.

1.3 En cas de transmission par la voie électronique, le délai est réputé
observé lorsque le système informatique de l'autorité pénale en a confirmé la
réception par voie électronique au plus tard le dernier jour du délai (art. 91
al. 3 CPP). Il est établi et non contesté que le délai pour déposer la
déclaration d'appel arrivait à échéance le lundi de Pâques 9 avril 2012 reporté
au premier jour utile suivant, soit le mardi 10 avril 2012. Compte tenu non
seulement de la date d'envoi du 11 avril mais encore de la confirmation de
réception intervenue en date du 11 avril 2012, l'envoi est donc tardif au
regard de l'art. 91 al. 3 CPP.

1.4 Selon l'art. 94 al. 1 CPP, une partie peut demander la restitution du délai
si elle a été empêchée de l'observer et qu'elle est de ce fait exposée à un
préjudice important et irréparable; elle doit toutefois rendre vraisemblable
que le défaut n'est imputable à aucune faute de sa part (art. 94 al. 1 CPP).
Le recourant se prévaut d'un problème technique l'ayant empêché de se connecter
à l'interface d'envoi électronique sécurisé IncaMail, respectivement
d'effectuer l'envoi de sa déclaration d'appel au soir du dernier jour du délai
légal (10 avril 2012). En particulier, il impute l'impossibilité d'accéder à
IncaMail à un défaut frappant la version Mac du logiciel client fourni par la
Poste au moment des faits.
En cas de transmission par voie électronique, l'observation ou non du délai se
détermine non pas, comme dans les autres cas, en fonction de la date et de
l'heure d'envoi, mais en fonction de la date et l'heure de confirmation de la
réception de l'envoi par le système informatique de l'autorité pénale. Si la
partie ne reçoit pas confirmation de la réception, elle doit mettre son pli à
la poste encore dans le délai. Cela signifie que la partie qui utilise la voie
électronique ne pourra guère prendre le risque d'envoyer l'écrit à minuit,
voire quelques minutes avant, n'ayant pas la garantie que le système
informatique répondra dans la minute ou la seconde qui suit. Même si
l'ordinateur est programmé pour donner immédiatement confirmation de la
réception, il n'est jamais à l'abri d'une panne informatique, technique ou
électrique (DANIEL STOLL, in Commentaire romand, 2011, n° 17 ad art. 91 CPP;
CHRISTOF RIEDO, in Basler Kommentar, 2011, n° 37 ad art. 91 CPP).
Au vu de ce qui précède, c'est à juste titre que la cour cantonale a considéré
qu'il appartenait au recourant de se prémunir contre les risques d'un problème
technique, lequel pouvait toujours survenir avec un système informatisé.
L'arrêt attaqué n'est pas critiquable. Les conditions pour une restitution du
délai ne sont pas réunies.

2.
Comme les conclusions du recours étaient dépourvues de chance de succès,
l'assistance judiciaire ne peut être accordée (art. 64 al. 1 LTF). Le recourant
devra supporter les frais judiciaires (art. 66 al. 1 LTF), dont le montant sera
toutefois arrêté en tenant compte de sa situation financière. Agissant seul,
l'intimé n'a pas droit à des dépens.

Par ces motifs, le Tribunal fédéral prononce:

1.
Le recours est rejeté.

2.
La requête d'assistance judiciaire est rejetée.

3.
Les frais judiciaires, arrêtés à 800 fr., sont mis à la charge du recourant.

4.
Le présent arrêt est communiqué aux parties et à la Cour de justice du canton
de Genève, Chambre pénale d'appel et de révision.

Lausanne, le 21 février 2013

Au nom de la Cour de droit pénal
du Tribunal fédéral suisse

Le Président: Mathys

La Greffière: Gehring