Sammlung der Entscheidungen des Schweizerischen Bundesgerichts
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II. Sozialrechtliche Abteilung, Beschwerde in öffentlich-rechtlichen Angelegenheiten 9C 1016/2009
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Bundesgericht
Tribunal fédéral
Tribunale federale
Tribunal federal

{T 0/2}
9C_1016/2009

Arrêt du 3 mars 2010
IIe Cour de droit social

Composition
MM. les Juges U. Meyer, Président,
Borella et Seiler.
Greffière: Mme Moser-Szeless.

Participants à la procédure
B.________,
représentée par Me Jean-Marie Agier, avocat,
recourante,

contre

Office de l'assurance-invalidité pour le canton de Vaud, Avenue Général-Guisan
8, 1800 Vevey,
intimé.

Objet
Assurance-invalidité,

recours contre le jugement de la Cour des assurances sociales du Tribunal
cantonal du canton de Vaud du 2 novembre 2009.

Faits:

A.
B.________, née en 1952, a été mise au bénéfice d'une demi-rente d'invalidité à
partir du 1er juillet 1997, puis d'une rente entière fondée sur un taux
d'invalidité de 80%, dès le 1er juillet 1998 (décisions des 18 septembre 1998
et 15 avril 1999). Le droit aux prestations a été maintenu au cours de
procédures de révision successives.

A la suite d'un entretien avec l'assurée, le 15 septembre 2009, au cours duquel
celle-ci a notamment expliqué avoir voyagé dès 2003 comme accompagnatrice de
voyage, l'Office de l'assurance-invalidité pour le canton de Vaud (ci-après:
l'office AI) a suspendu la rente au 30 septembre 2009 "jusqu'au nouveau droit
connu" et retiré l'effet suspensif à un éventuel recours (décision du 16
septembre 2009).

B.
L'assurée a déféré cette décision à la Cour des assurances sociales du Tribunal
cantonal vaudois, qui l'a déboutée par jugement du 2 novembre 2009.

C.
Agissant par la voie du recours en matière de droit public, B.________ demande
la réforme du jugement du 2 novembre 2009, en concluant en substance à
l'annulation de la décision du 16 septembre 2009. Sa requête tendant à l'octroi
de l'effet suspensif à son recours a été rejetée dans la mesure où elle était
recevable (ordonnance du 29 décembre 2009).

L'office AI conclut au rejet du recours, tandis que l'Office fédéral des
assurances sociales propose qu'il soit déclaré irrecevable.

Considérant en droit:

1.
Le jugement entrepris, qui concerne la suspension à titre provisoire de la
rente d'invalidité de la recourante, a pour objet une mesure provisionnelle.
Formellement, il constitue une décision incidente qui peut être attaquée aux
conditions posées par l'art. 93 al. 1 let. a LTF, selon lequel les décisions
préjudicielles et incidentes (autres que celles prévues à l'art. 92 LTF)
peuvent faire l'objet d'un recours si elles peuvent causer un préjudice
irréparable. Il est douteux que cette exigence soit réalisée en l'espèce, dès
lors que le fait d'être privé provisoirement de prestations financières ne peut
en règle générale être considéré comme un préjudice irréparable (arrêt 8C_473/
2009 du 3 août 2009 consid. 4.3, in SJ 2010 I p. 37). La question de la
recevabilité du recours en matière de droit public peut cependant demeurer
ouverte, dès lors le recours doit de toute façon être rejeté pour un autre
motif, comme il ressort de ce qui suit.

2.
2.1 Dans le cas d'un recours dirigé, comme en l'occurrence, contre une décision
portant sur une mesure provisionnelle, seule peut être invoquée une violation
des droits constitutionnels (art. 98 LTF), avec les exigences de motivation qui
s'y rapportent (art. 106 al. 2 LTF; cf. à ce sujet ATF 135 III 393 consid. 6 p.
397 et l'arrêt cité).

2.2 Comme seul grief recevable sous l'angle de l'art. 98 LTF, la recourante
fait valoir une violation de son droit d'être entendue (art. 29 al. 2 Cst.):
elle n'aurait pas eu, avant de recevoir la décision de suspension de la rente
du 16 septembre 2009, l'occasion d'être entendue à ce sujet, ni n'aurait reçu
une mise en demeure écrite de la part de l'intimé.

2.3 La jurisprudence a déduit du droit d'être entendu (art. 29 al. 2 Cst.), en
particulier, le droit pour le justiciable de s'expliquer avant qu'une décision
ne soit prise à son détriment, celui de fournir des preuves quant aux faits de
nature à influer sur le sort de la décision, celui d'avoir accès au dossier,
celui de participer à l'administration des preuves, d'en prendre connaissance
et de se déterminer à leur propos (ATF 132 V 368 consid. 3.1 p. 370 et les
références).

2.4 Selon les constatations de fait de la juridiction cantonale - qui lient le
Tribunal fédéral (art. 105 LTF) -, à l'issue de l'entretien qu'ont eu les
parties le 15 septembre 2009, la recourante a été avertie que l'office AI
allait procéder à la suspension de sa rente à titre de mesures provisionnelles
et invitée à remettre toutes les pièces utiles en vue de compléter son dossier.
Cet avertissement a été inscrit au procès-verbal de l'entretien du 15 septembre
2009, lequel a été signé par l'assurée et dont un exemplaire lui a été remis
(conformément à la mention y figurant). Par conséquent, contrairement à ce
qu'elle prétend, la recourante a été entendue sur la suspension (à titre
provisionnel) de la rente, en ce sens qu'elle a été informée (oralement et par
écrit) des intentions de l'office AI et reçu des explications sur ce point.

Pour le surplus, dans l'hypothèse où il y aurait lieu d'admettre que l'office
AI aurait été tenu d'attendre quelques jours avant de rendre sa décision afin
de permettre à la recourante de s'exprimer (par écrit) sur la suspension
envisagée et de produire des preuves, une éventuelle violation du droit d'être
entendu - qui ne revêtirait pas une gravité particulière - devrait être
considérée comme réparée. En effet, la recourante s'est déterminée par courrier
du 28 septembre 2009 en produisant des pièces relatives à l'activité en cause
et a eu la possibilité de s'exprimer sur la suspension (provisoire) de sa rente
devant la juridiction cantonale, qui disposait d'un plein pouvoir d'examen (cf.
ATF 127 V 431 consid. 3d/aa p. 437).

Le grief tiré de la violation du droit d'être entendu est dès lors mal fondé.
Partant, et en l'absence d'autres motifs invoqués par la recourante en relation
avec une atteinte à ses droits constitutionnels, le recours doit être rejeté.

3.
Vu l'issue du litige, la recourante qui succombe doit supporter les frais
afférents à la présente procédure (art. 66 al. 1, 1ère phrase LTF).

Par ces motifs, le Tribunal fédéral prononce:

1.
Le recours est rejeté, dans la mesure où il est recevable.

2.
Les frais judiciaires, arrêtés à 500 fr., sont mis à la charge de la
recourante.

3.
Le présent arrêt est communiqué aux parties, à la Cour des assurances sociales
du Tribunal cantonal du canton de Vaud et à l'Office fédéral des assurances
sociales.

Lucerne, le 3 mars 2010

Au nom de la IIe Cour de droit social
du Tribunal fédéral suisse
Le Président: La Greffière:

Meyer Moser-Szeless