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Raccolta delle decisioni del Tribunale federale svizzero

II. Zivilrechtliche Abteilung, Beschwerde in Zivilsachen 5A.210/2009
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Bundesgericht
Tribunal fédéral
Tribunale federale
Tribunal federal

{T 0/2}
5A_210/2009

Arrêt du 8 juillet 2009
IIe Cour de droit civil

Composition
Mmes les Juges Hohl, Présidente,
Escher et Jacquemoud-Rossari.
Greffière: Mme Mairot.

Parties
X.________,
représenté par Me Alain-Valéry Poitry, avocat,
recourant,

contre

dame X.________,
représentée par Me Lorraine Ruf, avocate,
intimée.

Objet
mesures provisionnelles,

recours contre le jugement du Tribunal civil de l'arrondissement de La Côte du
23 février 2009.

Faits:

A.
X.________, né en 1962, ressortissant norvégien, et dame X.________, née en
1963, de nationalité espagnole, se sont mariés à Cully (VD) le 31 juillet 1989.
Trois enfants sont issus de cette union: A.________, née en 1991, B.________,
né en 1993 et C.________, née en 1995.

Les conjoints vivent séparés depuis le mois de décembre 2003. L'épouse est
demeurée en Espagne avec les enfants dans la maison familiale, alors que le
mari s'est constitué un domicile en Suisse dans le courant de l'année 2004.

Par prononcé de mesures provisionnelles rendu le 24 janvier 2006 par le
Président du Tribunal d'arrondissement de La Côte, le mari a été astreint à
contribuer à l'entretien de la famille par le versement d'une pension mensuelle
de 15'000 fr., allocations familiales éventuelles en sus, dès le 1er décembre
2005. La contribution a été fixée sur la base du train de vie de la famille
durant la vie commune et non sur les revenus effectifs du mari, la famille
vivant précédemment des sommes versées par la mère fortunée de ce dernier.

B.
Par nouveau prononcé du 13 novembre 2008, le Président du Tribunal
d'arrondissement a, entre autres points, arrêté à 6'500 fr. par mois dès le 1er
décembre 2006 la contribution d'entretien de la famille à la charge du mari,
allocations familiales éventuelles en sus.

Par jugement du 23 février 2009, le Tribunal civil de l'arrondissement de La
Côte a rejeté les appels interjetés par chacun des époux et confirmé le
prononcé déféré.

C.
Contre ce jugement, le mari exerce un recours en matière civile au Tribunal
fédéral par acte déposé le 26 mars 2009. Il conclut à la réforme de l'arrêt
entrepris en ce sens que la contribution d'entretien est réduite à 2'000 fr.
par mois, allocations familiales éventuelles en sus, dès le 1er septembre 2006.
Subsidiairement, il demande que la contribution d'entretien soit fixée à 4'175
fr. par mois.
Considérant en droit:

1.
1.1 La décision de mesures provisoires selon l'art. 137 al. 2 CC est une
décision en matière civile au sens de l'art. 72 al. 1 LTF. Bien qu'elle soit
prise alors qu'une procédure (principale) de divorce est pendante, elle est
finale au sens de l'art. 90 LTF, car son objet est différent de celui de la
procédure au fond et elle met fin à l'instance sous l'angle procédural (ATF 134
III 426 consid. 2.2 p. 431 et les arrêts cités). Comme le litige porte
uniquement sur la contribution d'entretien, le recours a pour objet une
décision rendue dans une affaire pécuniaire (ATF 133 III 393 consid. 2 p. 395),
dont la valeur litigieuse atteint 30'000 fr. (art. 51 al. 1 let. a et al. 4,
art. 74 al. 1 let. b LTF). Le recourant a qualité pour recourir (art. 76 al. 1
LTF), car il a pris part à la procédure devant l'autorité précédente et a un
intérêt juridique à la modification de la décision attaquée. Enfin, le recours
a été interjeté dans le délai (art. 100 al. 1 LTF) et la forme (art. 42 LTF)
prévus par la loi. Le recours en matière civile est par conséquent ouvert.

1.2 Le litige revêt des aspects internationaux, de sorte que la question de
l'application du droit suisse ne va pas de soi. Comme les parties ne contestent
pas cette application par les autorités cantonales, il n'y a en l'occurrence
pas lieu d'examiner ce point plus avant.

1.3 Dès lors que la décision attaquée porte sur des mesures provisionnelles
(ATF 133 III 393 consid. 5.1 in fine p. 397), seule peut être dénoncée la
violation des droits constitutionnels (art. 98 LTF). Le Tribunal fédéral ne
connaît de la violation de ces droits que si un tel moyen est invoqué et motivé
par le recourant (art. 106 al. 2 LTF), c'est-à-dire s'il a été expressément
soulevé et exposé de manière claire et détaillée (ATF 134 I 83 consid. 3.2 p.
88 et les arrêts cités).

Le recourant qui se plaint d'arbitraire ne saurait, dès lors, se borner à
critiquer la décision attaquée comme il le ferait en procédure d'appel, où
l'autorité de recours jouit d'une libre cognition; il ne peut, en particulier,
se contenter d'opposer sa thèse à celle de l'autorité précédente, mais il doit
démontrer, par une argumentation précise, que cette décision se fonde sur une
application de la loi ou une appréciation des preuves manifestement
insoutenables (ATF 133 II 396 consid. 3.2 p. 400); les critiques de nature
appellatoire sont irrecevables (ATF 133 III 589 consid. 2 p. 591/592 et les
arrêts cités).

1.4 Aucun fait nouveau ni preuve nouvelle ne peut être présenté à moins de
résulter de la décision de l'autorité précédente (art. 99 al. 1 LTF; ATF 133
III 393 consid. 3 p. 395).

1.5 Selon l'art. 75 al. 1 LTF, le recours n'est recevable qu'à l'encontre des
décisions prises en dernière instance cantonale, ce qui signifie que le
recourant doit avoir épuisé toutes les voies de droit cantonales, ordinaires ou
extraordinaires, pour les griefs qu'il entend soulever devant le Tribunal
fédéral (Message du 28 février 2001 concernant la révision totale de
l'organisation judiciaire fédérale, in FF 2001 p. 4000 ss, p. 4115 ch. 4.1.3.2;
cf. pour l'ancien art. 86 al. 1 OJ: ATF 126 I 257 consid. 1a p. 258; 119 Ia 421
consid. 2b p. 422; 110 Ia 71 consid. 2 et les arrêts cités). Dans le canton de
Vaud, l'arrêt sur appel en matière de mesures provisionnelles peut faire
l'objet d'un recours en nullité pour tous les motifs prévus par l'art. 444 al.
1 ch. 3 CPC/VD, à savoir pour déni de justice formel, ainsi que pour arbitraire
dans l'appréciation des preuves (ATF 126 I 257). En tant qu'il est interjeté,
non pour ces motifs, mais pour arbitraire dans l'application du droit civil
fédéral, le recours est recevable.

2.
Le recourant se plaint d'arbitraire dans l'application du droit fédéral au
motif que la contribution d'entretien entame son minimum vital.

2.1 Pour fixer le montant de la contribution d'entretien, le Tribunal
d'arrondissement a retenu que le recourant, propriétaire et salarié de sa
propre entreprise, réalisait un salaire net de 8'931 fr. par mois auquel il
convenait d'ajouter la part mensuelle des bénéfices réalisés par la société, ce
qui portait son revenu à 9'681 fr. par mois. Après déduction de ses charges
(3'190 fr.), il lui restait un disponible de 6'500 fr. qu'il convenait de
laisser entièrement à la disposition de la famille, le minimum vital de
l'épouse ayant été arrêté à 5'538 fr. et son revenu pour un emploi à mi-temps à
900 fr. Cette décision était motivée également par la considération que le
recourant bénéficiait, en sus de ses revenus, d'une somme mensuelle de l'ordre
de 6'000 fr. provenant de sa mère. Même s'il pouvait être admis que cette aide
financière devait être qualifiée de prêt et non plus de donation, compte tenu
du fait que le recourant avait perçu davantage que sa future part d'héritage,
il n'en demeurait pas moins qu'il continuait à bénéficier d'une aide réelle et
concrète de la part de sa famille.

2.2 Dans un premier moyen, invoquant pêle-mêle l'application arbitraire des
art. 163, 176 al. 1 ch. 1, 285 al. 1 CC, 93 LP et 675 al. 2 CO, le recourant
reproche à l'autorité cantonale d'avoir arbitrairement ajouté à son salaire les
bénéfices réalisés par sa société en 2006 et 2007. Il soutient que, dès lors
que le bilan de la société révélait une perte reportée de 2004, aucun bénéfice
ne pouvait être distribué. En tant qu'il se fonde sur des faits non constatés
par l'autorité cantonale, au sujet desquels il n'invoque pas l'arbitraire dans
leur établissement, sa critique est ainsi irrecevable (art. 106 al. 2 LTF),
étant précisé que les conditions d'une rectification de l'état de fait au sens
de l'art. 105 al. 2 LTF, comme il le requiert, ne sont pas remplies. A cela
s'ajoute que le recourant ne conteste pas véritablement avoir perçu un revenu
supplémentaire provenant des bénéfices réalisés par la société: quand il se
borne à soutenir que «rien n'indique que ces bénéfices aient été distribués ou
qu'ils auraient pu l'être», il échoue à démontrer qu'il n'a effectivement pas
reçu ou n'a pas pu percevoir les bénéfices réalisés par sa société, sa critique
étant purement appellatoire. Il ressort en outre de l'ordonnance du 13 novembre
2008 que le recourant avait admis qu'il fallait ajouter à son salaire les
bénéfices de la société réalisés en 2006 et 2007. Partant, sa critique est
irrecevable.

2.3 Le recourant reproche ensuite à l'autorité cantonale d'avoir arbitrairement
omis de déduire de son salaire l'impôt à la source. Considérant que les époux
sont taxés séparément et que le mari pourra déduire de son revenu la
contribution d'entretien, alors que le montant de celle-ci augmentera les
revenus de l'épouse et, par conséquent, ses impôts, l'autorité cantonale n'a
pas inclus dans le décompte de charges des parties leurs charges fiscales. De
plus, elle a surtout estimé que, même si l'on ne pouvait qualifier de modeste
le salaire du mari - situation justifiant normalement que les impôts ne soient
pas comptés dans l'établissement du minimum vital -, ses charges, et notamment
les frais en relation avec le droit de visite, étaient suffisamment importantes
et le manco de l'épouse suffisamment élevé pour ne pas prendre en considération
la charge fiscale, nonobstant la capacité financière du débirentier. Or, le
recourant ne démontre pas d'application arbitraire du droit fédéral à ce sujet.

2.4 Le Tribunal d'arrondissement, se référant à la décision du premier juge, a
écarté des dépenses du recourant le loyer de 2'500 fr. pour un appartement à
Barcelone qu'il occupe lorsqu'il exerce son droit de visite un week-end sur
deux, au motif que rien ne l'obligeait à prendre un appartement si cher pour de
si brefs séjours. A cet égard, il a considéré sans pertinence l'argument du
recourant selon lequel sa famille profite aussi de ce logement pour des raisons
de commodité, alors qu'elle dispose d'une maison à quelques dizaines de
kilomètres de là, l'épouse pouvant renoncer à la maison familiale si elle
estime les trajets trop pénibles. Lorsque le recourant se limite à soutenir que
le Tribunal d'arrondissement a écarté cette charge de manière insoutenable, au
motif que son épouse en profite aussi avec les enfants, il se borne à reprendre
son argumentation développée devant l'autorité cantonale sans démontrer
l'arbitraire de la décision entreprise. Enfin, dans la mesure où il lui fait
grief de ne pas avoir fixé un loyer moins cher, il n'établit pas non plus, de
façon suffisamment motivée, en quoi l'autorité cantonale aurait fait preuve
d'arbitraire sur ce point, vu l'aide financière qu'il reçoit de sa mère et
s'agissant de surcroît de mesures provisoires. Pour le surplus, son
argumentation est sans pertinence.

2.5 Le recourant soutient enfin que l'autorité cantonale a appliqué le droit
fédéral de manière insoutenable, en tenant compte de prêts contractés auprès de
sa mère dans ses revenus pour fixer la contribution d'entretien. A cet égard,
il expose qu'on ne peut sans arbitraire assimiler ces prêts à un revenu réel,
les traiter comme un revenu hypothétique ou une mise à contribution de la
fortune. Ce grief tombe à faux, car en réalité l'autorité cantonale n'a pas
inclus le montant de 6'000 fr. par mois dans le revenu du recourant, ni n'en a
tenu compte dans le calcul du montant de la contribution d'entretien. Elle a
retenu, sans être contredite sur ce point par le recourant qui n'a émis aucune
critique à cet égard, qu'il n'était pas inéquitable d'allouer à l'épouse,
compte tenu de sa situation financière déficitaire, la totalité du disponible
du recourant, soit 6'500 fr., et de réduire ce dernier à son minimum vital.
Elle s'est ensuite bornée à considérer que le recourant bénéficiait, en plus de
ses revenus, d'une aide de sa famille de l'ordre de 6'000 fr. par mois en
moyenne, ce qui lui permettait de subsister au-delà du minimum vital. Or, le
recourant ne critique pas ce raisonnement, en sorte que son grief est
irrecevable.

3.
En conclusion, le recours doit être rejeté dans la mesure de sa recevabilité,
aux frais de son auteur (art. 66 al. 1 LTF). Il n'y a pas lieu d'allouer de
dépens à l'intimée, qui n'a pas été invitée à répondre sur le fond.

Par ces motifs, le Tribunal fédéral prononce:

1.
Le recours est rejeté dans la mesure où il est recevable.

2.
Les frais judiciaires, arrêtés à 3'000 fr., sont mis à la charge du recourant.

3.
Le présent arrêt est communiqué aux parties et au Tribunal civil de
l'arrondissement de La Côte.

Lausanne, le 8 juillet 2009

Au nom de la IIe Cour de droit civil
du Tribunal fédéral suisse
La Présidente: La Greffière:

Hohl Mairot