Sammlung der Entscheidungen des Schweizerischen Bundesgerichts
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Strafrechtliche Abteilung, Revision 6F.11/2008
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Bundesgericht
Tribunal fédéral
Tribunale federale
Tribunal federal

{T 0/2}
6F_11/2008 /rod

Arrêt du 2 septembre 2008
Cour de droit pénal

Composition
MM. les Juges Favre, Juge présidant,
Zünd et Mathys.
Greffier: M. Oulevey.

Parties
X.________,
requérant,

contre

A.________,
B.________,
les hoirs de C.________, représentés par Me André Clerc, avocat,
D.________,
représenté par Me Isabelle Jaques, avocate,
Ministère public du canton de Vaud, rue de l'Université 24, 1005 Lausanne,
opposants.

Objet
Révision (art. 121 ss LTF),

révision de l'arrêt du Tribunal fédéral 6F_7/2008 du 8 juillet 2008.

Faits:

A.
Par un arrêt du 21 juin 2007, la Cour de cassation pénale du Tribunal cantonal
vaudois a confirmé un jugement du Tribunal correctionnel de l'arrondissement de
Lausanne du 24 novembre 2006, condamnant X.________ pour diffamation, calomnie
qualifiée, tentative de contrainte et violation de domicile, à vingt et un mois
d'emprisonnement ferme, peine partiellement complémentaire à une précédente.

X.________ a recouru au Tribunal fédéral contre cet arrêt. Statuant le 22
février 2008, la cour de céans a rejeté son recours, dans la mesure où il était
recevable (arrêt 6B_592/2007).

B.
Contre l'arrêt de la cour de céans du 22 février 2008, le recourant a déposé
une première demande de révision, le 17 mars 2008.

Par un arrêt du 28 mai 2008 (arrêt 6F_2/2008), la cour de céans a rejeté cette
demande, dans la mesure où elle était recevable.

C.
Contre l'arrêt de la cour de céans du 28 mai 2008, le recourant a déposé une
deuxième demande de révision, le 18 juin 2008.

Par un arrêt du 8 juillet 2008 (arrêt 6F_7/2008), la cour de céans a déclaré
cette demande irrecevable.

D.
Contre ce dernier arrêt, X.________ présente une troisième demande de révision,
assortie d'une demande d'assistance judiciaire et d'une requête d'effet
suspensif.

Dans le délai qui lui a été imparti à cet effet (art. 42 al. 6 LTF), il a
corrigé les termes inconvenants dans lesquels il avait initialement rédigé son
mémoire.

Il n'a pas été ordonné d'échange d'écritures.

Considérant en droit:

1.
Dans sa deuxième demande de révision, le requérant a soutenu que le juge
fédéral Hans Wiprächtiger, qui avait siégé dans sa cause les 22 février et 18
mai 2008 en qualité de juge présidant, en remplacement du juge fédéral Roland
Schneider, empêché, était prévenu contre lui et qu'il aurait dès lors dû se
récuser. Le requérant en déduisait implicitement que le motif de révision prévu
à l'art. 121 let. a LTF était réalisé.

Dans l'arrêt attaqué, du 8 juillet 2008, la cour de céans a déclaré ce moyen
irrecevable, au motif que le requérant ne l'avait pas soulevé dans sa première
demande de révision, alors qu'au moment où il l'avait déposée, il avait déjà
connaissance des faits sur lesquels il fondait sa suspicion de partialité.

Dans la présente demande, le requérant soutient, en substance, que cette
motivation repose sur une inadvertance manifeste au sens de l'art. 121 let. d
LTF, dès lors qu'il avait saisi le juge d'instruction fédéral Jürg Zinglé d'une
demande de récusation dirigée notamment contre le juge fédéral Hans
Wiprächtiger, en date du 23 février 2007.

Cet argument est mal fondé. Lorsqu'un justiciable a des raisons de craindre que
le juge saisi de sa cause ne soit prévenu en sa défaveur, la loi lui permet de
demander la récusation de ce juge, c'est-à-dire de demander que ce juge soit
dessaisi de cette cause particulière. En revanche, la loi ne permet pas à un
justiciable de demander d'avance la récusation d'un magistrat déterminé dans
toute cause le concernant dont ce magistrat pourrait un jour être saisi. Si le
requérant voulait demander la récusation du juge fédéral Hans Wiprächtiger dans
la procédure 6B_592/2007 ou dans la procédure de révision 6F_2/2008, il devait
le faire par requête expresse adressée au Tribunal fédéral, jointe au recours
ou à la demande de révision (cf. art. 36 LTF). Dès lors, la demande de
récusation que le recourant a adressée à une autre autorité, dans une autre
procédure que celle du recours qu'il a exercé au Tribunal fédéral contre
l'arrêt du 21 juin 2007, est sans effet dans la présente cause. Il s'ensuit que
le Tribunal fédéral n'a pas commis d'inadvertance manifeste en considérant que
le requérant n'avait pas demandé la récusation du juge fédéral Hans
Wiprächtiger avant le dépôt de sa deuxième demande de révision et, partant, que
le motif soulevé à cet égard pour la première fois dans la deuxième demande de
révision était contraire aux règles de la bonne foi.

2.
Dans son recours contre l'arrêt du Tribunal cantonal du 21 juin 2007, le
requérant alléguait qu'il avait requis, dans le délai qui lui avait été fixé à
cet effet par le président du tribunal de première instance, l'assignation et
l'audition aux débats de divers témoins. Il faisait valoir qu'en ne donnant pas
suite à cette requête, le président avait, contrairement à ce qu'avait jugé le
Tribunal cantonal, violé son droit à faire citer des témoins à décharge (art.
29 al. 2 Cst. et 6 par. 3 let. d CEDH).

Dans son arrêt du 22 février 2008, la cour de céans a jugé ce grief
irrecevable, l'arrêt cantonal constatant que le requérant n'avait pas requis de
mesures d'instruction dans le délai qui lui avait été imparti à cet effet et le
requérant n'ayant ni annexé à son mémoire de recours les pièces établissant
qu'il avait requis l'assignation de témoins en première instance, ni indiqué
sous quels numéros ces pièces avaient été versées au dossier cantonal (cf.
arrêt 6B_592/2007, consid. 6).

Dans sa première demande de révision, le requérant s'est prévalu d'une
inadvertance manifeste du Tribunal fédéral, en faisant valoir qu'il avait bien
annexé à son recours les pièces établissant qu'il avait requis l'assignation de
témoins en première instance.

Dans son arrêt du 28 mai 2008, la cour de céans a admis qu'il lui avait échappé
que le requérant avait annexé à son recours les pièces établissant qu'il avait
requis l'assignation de témoins en première instance. Néanmoins, elle a rejeté
la demande de révision, aux motifs que, même si elle s'était aperçue de la
présence de ces pièces, elle aurait dû rejeter le recours, dès lors que l'arrêt
cantonal du 21 juin 2007 avait non seulement nié que le requérant avait
sollicité l'audition de témoins, mais encore constaté que celui-ci n'avait pas
établi la pertinence des preuves qu'il avait requises, sans que le requérant
ait soulevé le moindre grief contre cette dernière appréciation dans son
recours (cf. arrêt 6F_2/2008, consid. 2.5 - 2.6).

Contre cette motivation, le requérant a fait valoir, dans sa deuxième demande
de révision, que, s'il avait bénéficié de l'assistance d'un avocat en première
instance - ce qui n'avait, d'après lui, pas été le cas -, il aurait eu la
possibilité "d'étayer la pertinence des témoins à décharge" qu'il voulait faire
entendre. Il en concluait implicitement que sa première demande de révision
aurait dû être admise. Dans son arrêt du 8 juillet 2008, la cour de céans a
déclaré irrecevable un moyen tiré de la participation du juge fédéral Hans
Wiprächtiger aux procédures antérieures - moyen jugé abusif (cf. arrêt 6F_7/
2008, consid. 1) - et elle a ajouté: " Pour le surplus, le requérant remet en
cause le bien-fondé des arrêts des 22 février et 28 mai 2008, mais ne soulève
aucun motif de révision prévu aux art. 121 à 123 LTF " (cf. arrêt 6F_7/2008,
consid. 2).

Dans sa présente demande de révision, le requérant soutient que ce dernier
motif reposerait sur une inadvertance manifeste (art. 121 let. d LTF),
puisqu'il avait soulevé dans sa deuxième demande de révision le moyen précité,
tiré de la prétendue impossibilité dans laquelle il se serait trouvé "d'étayer
la pertinence des témoins à décharge" qu'il voulait faire entendre.

Ce grief est mal fondé. La cour de céans avait parfaitement vu que le requérant
invoquait, à l'appui de sa deuxième demande de révision, la prétendue
impossibilité dans laquelle il se serait trouvé, en procédure cantonale,
"d'étayer la pertinence des témoins à décharge" qu'il voulait faire entendre.
Toutefois, cet argument ne constituait pas un motif de révision de l'arrêt du
28 mai 2008. En effet, ce dernier arrêt ne niait pas l'éventuelle pertinence
des preuves que le requérant avaient requises en première instance cantonale,
mais constatait que la cour cantonale avait jugé cette pertinence non établie,
sans que le requérant ait contesté cette dernière appréciation dans son
recours. Dans ces conditions, l'art. 121 let. d LTF aurait permis au requérant
de faire valoir, s'il y avait eu lieu, qu'il avait soulevé dans son recours
contre l'arrêt cantonal du 21 juin 2007 un grief contre l'appréciation de la
cour cantonale quant à la pertinence des témoignages qu'il avait requis en
première instance. Mais ni l'art. 121 let. d LTF, ni aucune autre des
dispositions renfermées aux art. 121 à 123 LTF, ne lui permettait de soutenir
pour la première fois en procédure de révision qu'il lui aurait été impossible
"d'étayer" en instance cantonale "la pertinence des témoins à décharge " qu'il
voulait faire entendre. Comme l'énonçait l'arrêt attaqué, l'allégation de cette
impossibilité ne constituait pas un motif de révision prévu aux art. 121 à 123
LTF contre l'arrêt du 28 mai 2008.

Mal fondée, la présente demande doit ainsi être rejetée.

3.
Comme sa demande de révision était dénuée de chance de succès, le requérant
doit être débouté de sa demande d'assistance judiciaire (art. 64 al. 1 LTF, a
contrario) et supporter les frais de justice (art. 66 al. 1 LTF), réduits à 800
fr. vu sa situation financière.

4.
La cause étant jugée, il n'y a plus lieu de statuer sur la requête d'effet
suspensif, qui n'a plus d'objet.

5.
Le Tribunal fédéral se réserve de déclarer irrecevable, comme étant abusive au
sens de l'art. 42 al. 7 LTF, toute nouvelle demande de révision que le
requérant présenterait en relation avec l'arrêt 6B_592/2007 du 22 février 2008,
sur la base des mêmes motifs que ceux déjà traités dans le présent arrêt ou
dans ceux rendus précédemment (arrêts 6F_2/2008 et 6F_7/2008).

Par ces motifs, le Tribunal fédéral prononce:

1.
La demande de révision est rejetée.

2.
La demande d'assistance judiciaire est rejetée.

3.
Les frais judiciaires, arrêtés à 800 fr., sont mis à la charge du requérant.

4.
Le présent arrêt est communiqué aux parties et au Tribunal cantonal du canton
de Vaud, Cour de cassation pénale.

Lausanne, le 2 septembre 2008

Au nom de la Cour de droit pénal
du Tribunal fédéral suisse
Le Juge présidant: Le Greffier:

Favre Oulevey