Sammlung der Entscheidungen des Schweizerischen Bundesgerichts
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Raccolta delle decisioni del Tribunale federale svizzero

I. Zivilrechtliche Abteilung, Beschwerde in Zivilsachen 4A.518/2007
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4A_518/2007

Arrêt du 29 février 2008
Ire Cour de droit civil

MM. et Mme les juges Corboz, président, Rottenberg Liatowitsch et Kolly.
Greffier: M. Thélin.

X. ________,
demandeur et recourant, représenté par Me Flore Primault,

contre

Fondation A.________,
défenderesse et intimée.

contrat d'assurance; prétentions de l'assuré

recours contre le jugement rendu le 27 septembre 2007 par le Tribunal des
assurances du canton de Vaud.

Faits:

A.
Dès octobre 1993, X.________ a travaillé au service de la société Y.________
SA en qualité de gérant de magasin. L'employeuse a résilié son contrat de
travail avec effet au 31 août 2003; il percevait alors un salaire mensuel
brut de 7'410 fr., treize fois par année.
Le risque de perte de ce salaire en cas de maladie était couvert par une
police d'assurance collective du personnel de Y.________ SA. Une indemnité
journalière correspondant à 80% du salaire était promise après un délai
d'attente de trente jours, pendant 720 jours au plus dans une période de 900
jours. L'assuré acquittait une prime fixée à 1,5% de son salaire. L'assureur
était une fondation liée à la société Z.________ SA.
La police faisait référence à des conditions générales d'assurance dont
l'art. 25 ch. 1 était ainsi libellé :
Sous réserve de la coordination LPP, si une assurance sociale ou
professionnelle [...] verse des prestations, l'assureur les complète, après
le délai d'attente, au plus jusqu'à concurrence de la prestation prévue dans
la police.
La prévoyance professionnelle était assurée auprès d'une autre fondation
appartenant au même groupe. Le contrat prévoyait notamment des prestations en
cas d'invalidité.

B.
Dès août 1999, X.________ a subi de longues périodes d'incapacité de travail,
totale ou partielle, pour cause de maladie. En particulier, il s'est trouvé
en incapacité totale de travail dès le 19 août 2002 et il n'a plus repris son
activité. Dès cette date, l'assureur lui a versé des indemnités journalières
au montant de 211 fr.60.
Dès sa sortie de l'assurance collective, sortie résultant de l'expiration du
contrat de travail, X.________ a exercé son droit de libre passage dans une
assurance individuelle portant sur la même couverture. L'indemnité
journalière était désormais fixée à 211 fr.10 et l'assuré acquittait une
prime mensuelle de 392 fr.65.
L'assureur a versé des indemnités journalières jusqu'au 17 août 2004, soit
pendant 730 jours d'incapacité de travail.

C.
X.________ a introduit une demande de rente de l'assurance-invalidité
fédérale.
Le 5 mai 2006, informé que les prestations ainsi demandées seraient
prochainement accordées à l'assuré dès le 1er août 2003, l'assureur
d'indemnités journalières lui a communiqué qu'il se ferait verser directement
un montant de 45'067 fr.10 à prélever sur ces mêmes prestations, à titre de
« surindemnisation » pour la période du 1er août 2003 au 17 août 2004.
X.________ a fait savoir qu'il s'opposait à ce prélèvement.
Par décision du 9 juin 2006, l'office de l'assurance-invalidité pour le
canton de Vaud a admis l'assuré au bénéfice d'une rente d'invalidité
complète, d'une rente complémentaire pour son épouse et de deux rentes
complémentaires pour enfant, le tout dès le 1er août 2003. Sur l'arriéré de
la rente d'invalidité complète, un montant de 45'067 fr.10 était retenu en
faveur de l'assureur d'indemnités journalières.

D.
Sur la base du contrat de prévoyance professionnelle, X.________ a également
requis et obtenu des rentes d'invalidité à compter du 19 août 2004.
L'assureur s'est cependant refusé à verser ces prestations, comme requis par
l'assuré, à compter du 1er août 2003 déjà.

E.
Le 6 novembre 2006, X.________ a ouvert action contre Z.________ SA devant le
Tribunal des assurances du canton de Vaud. Sa demande tendait au paiement de
45'067 fr.10 avec intérêts au taux de 5% par an dès le 15 juin 2006, à titre
d'indemnités pour perte de gain en cas de maladie; la demande tendait en
outre au versement de rentes d'invalidité à fixer par justice, du 1er août
2003 au 18 août 2004, avec intérêts au même taux.
A la partie Z.________ SA, le juge instructeur a substitué la fondation
A.________ en qualité de défenderesse dans l'action concernant les indemnités
journalières; il a substitué la fondation B.________ en qualité de
défenderesse dans l'autre action.
Invoquant les clauses contractuelles concernant la surindemnisation, la
fondation A.________ a conclu au rejet de l'action concernant les indemnités
journalières.
La fondation B.________ a reconnu devoir des prestations d'invalidité aussi
pendant la période litigieuse; ces prestations devaient être fixées de
manière à éviter une surindemnisation.
Le tribunal a rendu un jugement le 27 septembre 2007. Il a décidé de
suspendre l'instance concernant la prévoyance professionnelle jusqu'à droit
connu sur l'action relative aux indemnités journalières. Il a entièrement
rejeté cette action. Il a considéré que le contrat d'assurance d'indemnités
journalières n'autorise pas le demandeur à recevoir des prestations
d'invalidité en sus de ces indemnités.

F.
Agissant par la voie du recours en matière civile, le demandeur requiert le
Tribunal fédéral de condamner la fondation A.________ à lui payer 45'067
fr.10 avec intérêts au taux de 5% par an dès le 15 juin 2006;
subsidiairement, il requiert le renvoi de la cause au Tribunal des assurances
pour nouvelle décision.
La fondation A.________ conclut au rejet du recours.

Considérant en droit:

1.
Au regard de l'art. 91 let. a LTF, le jugement du Tribunal des assurances est
une décision partielle, réglant un objet dont le sort est indépendant d'un
autre objet demeurant en cause; ce jugement est susceptible de recours selon
cette disposition.
Pour le surplus, le recours est dirigé contre un jugement rendu en matière
civile (art. 72 al. 1 LTF; ATF 124 III 229 consid. 2b p. 232) et en dernière
instance cantonale (art. 75 al. 1 LTF). La valeur litigieuse excède le
minimum légal de 30'000 fr. (art. 51 al. 1 let. a et 74 al. 1 let. b LTF). Il
est formé par une partie qui a pris part à l'instance précédente et succombé
dans ses conclusions (art. 76 al. 1 LTF). Introduit en temps utile (art. 100
al. 1 LTF) et dans les formes requises (art. 42 al. 1 à 3 LTF), le recours
est en principe recevable.
Le recours peut être exercé pour violation du droit fédéral (art. 95 let. a
LTF). Le Tribunal fédéral applique ce droit d'office, hormis les droits
fondamentaux (art. 106 LTF). Il n'est pas lié par l'argumentation des parties
et il apprécie librement la portée juridique des faits; il s'en tient
cependant, d'ordinaire, aux questions juridiques que la partie recourante
soulève conformément aux exigences légales relatives à la motivation du
recours (art. 42 al. 2 LTF; ATF 133 II 249 consid. 1.4.1 p. 254). Il peut
admettre un recours pour des motifs autres que ceux invoqués par la partie
recourante; il peut aussi rejeter un recours en opérant une substitution de
motifs, c'est-à-dire en adoptant un raisonnement juridique autre que celui de
la juridiction cantonale (ATF 133 II 249 consid. 1.4.1 p. 254). En règle
générale, le tribunal conduit son raisonnement juridique sur la base des
faits constatés dans la décision attaquée (art. 105 al. 1 LTF).

2.
Il est constant que dans le cadre d'un contrat d'assurance, la fondation
A.________ s'est obligée à verser des indemnités journalières en cas de
maladie du demandeur. Il est également constant que les indemnités promises
ont été dûment et intégralement versées à cette partie pendant toute la
période prévue par le contrat.
La contestation porte sur une prestation de l'assurance-invalidité fédérale,
soit le montant de 45'067 fr.10 que cette assurance devait a priori au
demandeur, selon sa décision du 9 juin 2006, et qu'elle a distrait en faveur
de la fondation A.________. D'après le décompte que cette dernière avait
présenté, ledit montant correspondait à des indemnités journalières versées
en trop, compte tenu de la rente d'invalidité ultérieurement obtenue, et qui
devaient lui être remboursées.
Le demandeur soutient que ce prélèvement en faveur de la fondation A.________
ne pouvait pas être opéré conformément aux dispositions et directives
régissant l'assurance-invalidité fédérale, en particulier parce que lui-même
ne l'avait pas autorisé et que, au regard de ces dispositions, l'art. 25 ch.
1 des conditions générales ne constituait pas une clause de subrogation qui
pût lui être opposée. Cette argumentation est irrecevable car elle contredit
l'autorité de la décision du 9 juin 2006; celle-ci, faute d'avoir été
attaquée par la voie de l'opposition prévue par l'art. 52 de la loi fédérale
sur la partie générale du droit des assurances sociales (LPGA), ne peut plus
être modifiée que par les procédures prévues à l'art. 53 de cette loi;
jusqu'à cette éventualité, elle lie les parties et les autorités concernées
(Ulrich Häfelin, Georg Müller et Felix Uhlmann, Allgemeines Verwaltungsrecht,
5e éd., ch. 900 à 993 p. 206; Ueli Kieser, ATSG-Kommentar, Zurich 2003, ch. 2
ad art. 53 LPGA).
Le demandeur se plaint de violation de l'art. 18 al. 1 CO concernant
l'interprétation des contrats. Il a pourtant reçu le montant litigieux, en
indemnités journalières versées par la fondation A.________, et de toute
évidence, le contrat conclu avec cet assureur ne permet pas de réclamer les
mêmes indemnités une deuxième fois. A titre subsidiaire, le demandeur se
plaint de n'avoir pas reçu au moins le remboursement des primes versées par
lui mais il ne se réfère, dans le contrat, à aucune clause prévoyant que
l'assuré soit libéré du paiement des primes lorsqu'il perçoit des indemnités
journalières.

3.
Le recours se révèle privé de fondement, dans la mesure où l'argumentation
présentée est recevable. A titre de partie qui succombe, son auteur doit
acquitter l'émolument à percevoir par le Tribunal fédéral. Il n'est pas
alloué de dépens à l'autre partie car celle-ci a procédé sans le concours
d'un mandataire.

Par ces motifs, le Tribunal fédéral prononce:

1.
Le recours est rejeté, dans la mesure où il est recevable.

2.
Le demandeur acquittera un émolument judiciaire de 2'000 fr.

3.
Il n'est pas alloué de dépens.

4.
Le présent arrêt est communiqué aux parties et au Tribunal des assurances du
canton de Vaud.

Lausanne, le 29 février 2008

Au nom de la Ire Cour de droit civil
du Tribunal fédéral suisse

Le président: Le greffier:

Corboz Thélin