Sammlung der Entscheidungen des Schweizerischen Bundesgerichts
Collection des arrêts du Tribunal fédéral suisse
Raccolta delle decisioni del Tribunale federale svizzero

I. Öffentlich-rechtliche Abteilung 1P.555/2004
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1P.555/2004 /dxc

Arrêt du 6 octobre 2004
Ire Cour de droit public

MM. les Juges Aemisegger, Président de la Cour et
Président du Tribunal fédéral,
Reeb et Fonjallaz.
Greffier: M. Zimmermann.

X. ________,
recourant, représenté par Me Mario Brandulas, avocat-stagiaire,

contre

Juge d'instruction du canton de Genève,
case postale 3344, 1211 Genève 3,
Procureur général du canton de Genève,
case postale 3565, 1211 Genève 3,
Chambre d'accusation du canton de Genève,
case postale 3108, 1211 Genève 3.

procédure pénale; témoignages,

recours de droit public contre l'ordonnance de la Chambre d'accusation du
canton de Genève du 25 août 2004.

Faits:

A.
Le Juge d'instruction du canton de Genève a conduit une procédure pénale
dirigée notamment contre X.________, prévenu de fabrication et de mise en
circulation de fausse monnaie. Cette procédure a été désignée sous la
rubrique P/4245/2004.

Le 14 mai 2004, le Juge d'instruction a communiqué le dossier au Procureur
général, en application de l'art. 185 CPP/GE.

Le 10 juin 2004, le Procureur général a ouvert une autre procédure contre
Y.________, pour mise en circulation de fausse monnaie. Dans le cadre de
cette procédure désignée sous la rubrique P/9373/2004, X.________ a été
entendu comme témoin.

Le 21 juin 2004, le Procureur général a ordonné la jonction des procédures
P/9373/2004 et P/4245/2004.

Le 25 août 2004, la Chambre d'accusation du canton de Genève, après les avoir
joints, a rejeté les recours formés par X.________ contre les décisions des
14 mai et 21 juin 2004.

B.
Agissant par la voie du recours de droit public, X.________ demande au
Tribunal fédéral d'annuler la décision du 25 août 2004 et d'inviter la
Chambre d'accusation à disjoindre les causes. Il invoque les art. 9 et 29
Cst., ainsi que les art. 6 CEDH et 14 Pacte ONU II. Il requiert l'assistance
judiciaire.

Il n'a pas été demandé de réponse au recours.

Le Tribunal fédéral considère en droit:

1.
Le Tribunal fédéral examine d'office et avec une pleine cognition la
recevabilité des recours qui lui sont soumis (ATF 130 II 249 consid. 2 p.
250, 302 consid. 3 p. 303/304, 306 consid. 1.1 p. 308, 321 consid. 1 p. 324,
et les arrêts cités).

2.
Hormis des exceptions non réalisées en l'espèce, le recours de droit public
n'a qu'un effet cassatoire (art. 90 al. 1 let. b OJ; ATF 129 I 129 consid.
1.2.1 p. 131/132, 173 consid. 1.5 p. 176 et les arrêts cités). Les
conclusions du recours allant au-delà de l'annulation de la décision attaquée
sont ainsi irrecevables.

3.
Selon l'art. 87 OJ, le recours de droit public est recevable contre les
décisions préjudicielles et incidentes sur la compétence et sur les demandes
de récusation, prises séparément; ces décisions ne peuvent être attaquées
ultérieurement (al. 1); le recours de droit public est recevable contre
d'autres décisions préjudicielles et incidentes prises séparément s'il peut
en résulter un dommage irréparable (al. 2); lorsque le recours de droit
public n'est pas recevable selon l'alinéa 2 ou qu'il n'a pas été utilisé, les
décisions préjudicielles et incidentes peuvent être attaquées avec la
décision finale (al. 3).

La modification de l'art. 87 OJ selon la novelle du 8 octobre 1999 a eu pour
effet d'étendre le champ d'application de l'art. 87 OJ à tous les recours de
droit public formés contre des décisions préjudicielles et incidentes, alors
que l'ancien art. 87 OJ s'appliquait uniquement aux recours formés pour la
violation de l'art. 4 aCst. (Message du 11 août 1999, FF 1999 p. 7145, p.
7160).

La décision par laquelle le Juge d'instruction clôt l'instruction
préparatoire et transmet la procédure au Procureur général (« soit-communiqué
» au sens de l'art. 185 CPP/GE), est de nature incidente, car elle doit
obligatoirement être suivie d'une décision du Procureur général selon les
art. 197 à 200 CPP/GE (arrêts 1P.575/2004 du 12 décembre 2002; 1P.359/2000 du
28 juin 2000); partant, elle ne met pas fin au procès pénal (cf. ATF 129 I
313 consid. 3.2 p. 316/317; 128 I 215 consid. 2 p. 216/217; 123 I 325 consid.
3b p. 327, et les arrêts cités). Il en va de même de la décision de jonction
ou disjonction de causes pénales.

Ces décisions ne causent pas au recourant un dommage irréparable, par quoi on
entend exclusivement le dommage juridique qui ne peut pas être réparé
ultérieurement, notamment par le jugement final (ATF 127 I 92 consid. 1c p.
94; 126 I 207 consid. 2 p. 210; 122 I 39 consid. 1a/bb p. 42, et les arrêts
cités). En effet, pour le cas où le recourant serait renvoyé en jugement, il
disposerait de la faculté de réitérer ses offres de preuves et de complément
d'instruction (cf. notamment les art. 51, 223, 256, 284 et 189 CPP/GE). Il
aurait également la possibilité de demander la disjonction des causes au
Procureur général, puis à la Chambre d'accusation, une fois celle-ci saisie
des réquisitions du Ministère public (art. 90 al. 2 let. b et c CPP/ GE).
Enfin, le recourant serait libre de contester le caractère irrégulier de
telle ou telle opération de la procédure devant le juge du fond, pour ce qui
concerne notamment le respect des droits de la défense et la garantie du
procès équitable. De toute manière, pour le cas où un jugement défavorable
serait rendu contre lui, le recourant disposerait encore du recours de droit
public pour faire redresser les éventuelles violations de ses droits
constitutionnels qui résulteraient, le cas échéant, de la décision attaquée
(cf. art. 87 al. 3 OJ).

4.
Le recours est ainsi irrecevable. Le recourant demande l'assistance
judiciaire, qui est accordée pour autant que le recourant soit indigent et
que ses conclusions ne paraissent pas vouées à l'échec (art. 152 OJ). Si la
première condition est remplie, tel n'est pas le cas de la deuxième. En
effet, le recours était irrecevable d'emblée. Les frais sont mis à la charge
du recourant (art. 156 OJ). Il n'y a pas lieu d'allouer des dépens (art. 159
OJ).

Par ces motifs, vu l'art. 36a OJ, le Tribunal fédéral prononce:

1.
Le recours est irrecevable.

2.
La demande d'assistance judiciaire est rejetée.

3.
Un émolument de 1'000 fr. et mis à la charge du recourant.

4.
Le présent arrêt est communiqué en copie au mandataire du recourant, ainsi
qu'au Juge d'instruction, au Procureur général et à la Chambre d'accusation
du canton de Genève.

Lausanne, le 6 octobre 2004

Au nom de la Ire Cour de droit public
du Tribunal fédéral suisse

Le président:  Le greffier: