Sammlung der Entscheidungen des Schweizerischen Bundesgerichts
Collection des arrêts du Tribunal fédéral suisse
Raccolta delle decisioni del Tribunale federale svizzero

BGE 80 III 65



80 III 65

12. Arrêt du 26 juin 1954 dans la cause Imhof. Regeste

    Lohnpfändung für Alimente nach vorausgehender Pfändung für gewöhnliche
Forderungen.

    War bei der frühern Pfändung die Unterhaltspflicht des Schuldners
unberücksichtigt geblieben, so ist nun für den Alimentengläubiger der
Lohnbetrag zu pfänden, auf den das Amt die Unterhaltslast des Schuldners
damals bei Bestimmung des pfändbaren Lohnbetrages bemessen hätte.

    Hatte das Amt bei der frühern Pfändung den dem Unterhaltsgläubiger
unentbehrlichen Lohnbetrag dem Schuldner belassen, so hat es ihn nun
für den Unterhaltsgläubiger zu pfänden, wenn der Schuldner ihn diesem
nicht bezahlt.

Sachverhalt

    A.- Henri Vincent, à Echallens, a été condamné à payer à son enfant
illégitime Hugo Imhof une pension alimentaire de 50 fr. par mois. Comme il
ne s'acquitte pas de cette obligation, Imhof exerce périodiquement des
poursuites contre lui.

    Le 21 juin 1953, l'office des poursuites d'Echallens avait pratiqué, au
préjudice de Vincent, une saisie de salaire de 50 fr. par quinzaine, dans
la poursuite No 1914, intentée par un tiers. Il a décidé, le 27 août 1953,
que la saisie profiterait, dès le 1er juillet 1954, au créancier Imhof, qui
avait poursuivi le débiteur en paiement de 800 fr. (poursuite No 2158).

    En février 1954, Imhof a fait notifier à Vincent un nouveau
commandement de payer pour une somme de 300 fr. représentant sa pension
alimentaire de septembre 1953 à février 1954 (poursuite No 3062). Par
décision du 5 mars 1954, l'office a ordonné une saisie de salaire de
50 fr. par quinzaine au préjudice du débiteur, "à commencer dès le 1er
septembre 1954, date de prescription de saisies antérieures".

    B.- Imhof a porté plainte contre cette dernière mesure, en soutenant
qu'il devait bénéficier d'une saisie de salaire immédiate de 50 fr. par
mois dans la poursuite No 3062.

    Dans sa réponse, l'office des poursuites a expliqué qu'il avait
calculé la quotité disponible comme suit:

    Salaire mensuel       : Fr. 430.--

    Minimum vital: Fr. 285.--

    Pension alimentaire mensuelle à laquelle le débiteur a été condamné"
50.-: " 335.--

    Quotité saisissable par mois: Fr.  95.-

    L'Autorité inférieure de surveillance a déclaré la plainte mal fondée.

    Le 21 mai 1954, la Cour des poursuites et faillites du Tribunal
cantonal vaudois a rejeté, dans le sens de ses considérants, le recours
formé par le créancier contre le prononcé de l'autorité de première
instance. Sa décision est, en bref, motivée comme suit:

    En principe, le créancier d'aliments qui présente sa réquisition de
saisie plus de trente jours après l'exécution d'une saisie de salaire
doit tolérer que le ou les créanciers au profit desquels cette saisie
a été pratiquée soient satisfaits avant lui. Cette règle ne souffre
qu'une exception, dans le cas où, pour léser le créancier d'aliments, le
débiteur a négligé, lors de la saisie antérieure, d'invoquer l'obligation
d'entretien pour laquelle il est aujourd'hui poursuivi. Mais cette
condition n'est pas remplie en l'espèce, de sorte que la plainte est mal
fondée. Il faut relever cependant que l'office a utilisé un barême qui
n'est pas valable pour les communes rurales telles qu'Echallens. D'autre
part, il a tenu compte à tort, dans le minimum insaisissable, de la
pension alimentaire due à Imhof, puisque le débiteur ne la paye précisément
pas. Enfin, il eût été éventuellement possible, s'agissant d'une créance
d'aliments, d'entamer le minimum vital de Vincent. Il appartiendra donc
à l'office de revoir, le cas échéant, le calcul de la quotité disponible.

    C.- Contre cet arrêt, Imhof recourt à la Chambre des poursuites et
des faillites du Tribunal fédéral. Il demande que la saisie attaquée soit
annulée et que l'office des poursuites soit invité à opérer une nouvelle
saisie de salaire, avec effet rétroactif au jour de la réquisition, en
appliquant le barême valable pour les communes rurales et en entamant au
besoin le minimum vital du débiteur.

Auszug aus den Erwägungen:

                      Considérant en droit:

Erwägung 1

    1.- Les juridictions cantonales n'ont pas éclairci les faits avec
précision. En particulier, on ignore si le calcul reproduit dans la
réponse de l'office a déjà servi de base aux premières saisies (poursuites
Nos 1914 et 2158) ou s'il concerne uniquement la dernière (poursuite
No 3062). De même, on ne sait exactement si, en retenant 50 fr. dans
son calcul, l'office visait la pension d'un second enfant illégitime,
dont il est question dans la décision de première instance, ou la créance
d'aliments du recourant, comme la Cour des poursuites et faillites paraît
l'admettre. Il y a donc lieu d'envisager ces différentes éventualités.

Erwägung 2

    2.- D'après la jurisprudence du Tribunal fédéral (RO 67 III 150,
71 III 151), le créancier d'aliments qui requiert une saisie de salaire
doit se laisser opposer, en principe, la retenue précédemment opérée en
faveur d'un créancier ordinaire; toutefois, quand le débiteur, au moment
de la saisie antérieure, n'a pas fait état de l'obligation d'entretien
pour laquelle il est aujourd'hui poursuivi, l'office doit retenir dans
la nouvelle poursuite le montant auquel il aurait estimé cette charge
en fixant la part saisissable dans la première poursuite. C'est à tort
que la juridiction cantonale n'applique cette dernière règle que si
le débiteur a voulu léser le créancier d'aliments. Au contraire, cette
jurisprudence doit être étendue à tous les cas où l'office n'a pas tenu
compte des aliments lors de la première saisie. Le Tribunal fédéral, en
effet, ne l'a pas établie dans le dessein de punir le débiteur négligent
ou déloyal. Il est parti du principe que le bénéficiaire de la pension
alimentaire devait toujours se voir réserver le montant indispensable
à son entretien, malgré les retenues ordonnées au profit de créanciers
ordinaires. Peu importe donc le motif pour lequel, au moment des saisies
antérieures, le débiteur n'a pas invoqué son obligation d'entretien ou
l'office ne l'a pas prise en considération.

    Ces principes sont applicables en l'espèce si le montant de 50 fr.,
admis par l'office des poursuites dans le minimum vital du débiteur,
ne représente pas la pension d'Imhof ou n'a pas été réservé à celui-ci
dès les premières saisies. Dans cette hypothèse, l'office aurait dû, dans
la poursuite N o 3062, retenir avec effet immédiat le montant auquel il
aurait estimé la dette alimentaire en fixant la part disponible lors des
premières saisies.

Erwägung 3

    3.- Mais les règles exposées ci-dessus ne sont pas seulement valables
lorsque l'office a ignoré l'obligation d'entretien ou a omis d'en tenir
compte. Elles s'appliquent également, et à plus forte raison, au cas où
il a laissé au débiteur et soustrait aux créanciers ordinaires le montant
qu'il estimait indispensable au créancier d'aliments. Celui-ci peut donc,
si cette somme ne lui est pas versée, la faire saisir à son profit en
intentant une poursuite au débiteur.

Erwägung 4

    4.- Ainsi, c'est à tort que l'office des poursuites d'Echallens
a refusé de pratiquer une saisie de salaire immédiate en faveur du
recourant. La saisie qu'il a ordonnée dans la poursuite No 3062 doit être
annulée. Il procédcra à une nouvcllc saisie en se conformant aux principes
qui viennent d'être exposés. En prenant cette mesure, il pourra en outre
tenir compte des critiques que la juridiction cantonale a émises dans sa
décision du 21 mai 1954.

Entscheid:

      La Chambre des poursuites et des faillites prononce:

    Le recours est admis, la saisie attaquée est annulée et l'office des
poursuites est invité à procéder selon les motifs.