Sammlung der Entscheidungen des Schweizerischen Bundesgerichts
Collection des arrêts du Tribunal fédéral suisse
Raccolta delle decisioni del Tribunale federale svizzero

BGE 117 IA 22



117 Ia 22

6. Extrait de l'arrêt de la IIe Cour civile du 8 avril 1991 dans la
cause R. contre Président de la Cour civile II du Tribunal cantonal du
canton du Valais (recours de droit public) Regeste

    Art. 4 BV. Entschädigung des unentgeltlichen Rechtsbeistandes.

    1. Zusammenfassung der allgemeinen Grundsätze (E. 3a).

    2. Der unentgeltliche Rechtsbeistand kann direkt aus Art. 4 BV einen
Anspruch auf Rückerstattung aller Auslagen herleiten, die sich bei der
Ausübung seiner Aufgabe vernünftigerweise ergeben. Diese Bestimmung wird
daher durch einen Entscheid verletzt, welcher die Rückerstattung auf die
vor der Gerichtsbehörde unternommenen Schritte beschränkt (E. 4).

Auszug aus den Erwägungen:

                  Extrait des considérants:

Erwägung 3

    3.- a) L'indemnité à laquelle le défenseur d'office a droit
s'apparente aux honoraires perçus par le mandataire plaidant aux frais
de son client. Pour la fixer, il faut donc tenir compte de la nature
et de l'importance de la cause, des difficultés spéciales qu'elle peut
présenter en fait et en droit, du temps que le défenseur y a consacré et
de la qualité de son travail, du nombre de conférences, d'audiences et
d'instances auxquelles il a pris part, du résultat obtenu, enfin de la
responsabilité qu'il a assumée (ATF 109 Ia 110 consid. 3b; arrêt V. du
19 septembre 1984, SJ 107/1985 p. 13). A condition d'être équitable,
il est admis que la rémunération de l'avocat d'office soit inférieure à
celle du défenseur choisi (ATF 109 Ia 111 consid. 3c; arrêt V. précité,
SJ 107/1985 p. 13; CL. ROUILLER, La protection de l'individu contre
l'arbitraire de l'Etat, in RDS 106/1987 II p. 329; P. ZEN-RUFFINEN,
Assistance judiciaire et administrative: les règles minima imposées par
l'art. 4 de la Constitution fédérale, in JdT 1989 I p. 52).

    Ce n'est toutefois pas en se fondant sur ce dernier principe que le
Président de la Cour civile II du Tribunal cantonal a retranché de l'état
de frais les débours extrajudiciaires du recourant; il a considéré que
ceux-ci ne pouvaient pas être remboursés dans le cadre d'une assistance
judiciaire. La question litigieuse ne porte dès lors pas sur la quotité
de la rémunération de l'avocat d'office, qui n'est pas contestée comme
telle, mais sur le principe du remboursement de ces frais.

Erwägung 4

    4.- ... a) A l'appui de sa solution, le Président de la Cour civile II
s'est référé au décret du 28 mai 1980 fixant le tarif des frais de justice
(DTFJ); il a opposé aux frais judiciaires, qui sont dus à l'avocat pour
des opérations déterminées et taxées, ceux qui restent à la charge de la
partie qui l'a consulté et obéissent aux règles du mandat (art. 394 ss
CO). Appliquée au domaine de l'assistance judiciaire, cette distinction est
erronée. L'avocat d'office accomplit une tâche étatique régie par le droit
public cantonal (ATF 113 Ia 71 consid. 6, 109 Ia 108/109 consid. 2b, 95 I
411 consid. 4 et les arrêts cités). Lors de sa désignation, il s'établit,
entre l'avocat et l'Etat, un rapport juridique spécial en raison duquel
l'avocat a contre l'Etat une prétention de droit public à être rétribué
dans le cadre des dispositions cantonales applicables (ATF 111 Ia 153 et
les arrêts cités; arrêt non publié Multone du 9 juin 1988, consid. 2a). Il
ne s'agit dès lors pas d'examiner à quelle rémunération pourrait prétendre
l'avocat dans le cadre d'une activité librement consentie et pleinement
rétribuée, mais de savoir ce que l'avocat d'office peut exiger de l'Etat
au titre de l'assistance judiciaire. Par conséquent, l'autorité ne saurait
s'inspirer des règles du mandat (ATF 109 Ia 110 consid. 3a in fine), la
prétention en paiement de l'indemnité n'étant pas de nature contractuelle
(H. HEUBERGER, Das Armenrecht der Aargauischen Zivilprozessordnung,
thèse Berne 1947, p. 84; K. MEYER, Das zivilprozessuale Armenrecht im
Kanton Zug, thèse Fribourg 1953, p. 161).

    b) L'art. 16 al. 1 du décret du 9 mai 1989 concernant l'assistance
judiciaire et administrative (DAJA), applicable à la présente cause
(art. 24 al. 2 DAJA; cf. arrêt non publié Martenet du 12 octobre 1990,
consid. 3b), prévoit que la collectivité tenue au financement paie les
frais de procédure de l'assisté et les honoraires de son avocat d'office
dans la mesure où les frais de la cause ont été mis à sa charge. Quant aux
frais et honoraires de l'avocat, ils sont toujours réglés par le tarif
des frais de justice du 28 mai 1980 (DTFJ), faute d'un nouveau tarif
décrété par le Grand Conseil (arrêt Martenet précité, consid. 3a). Au
chapitre de l'assistance judiciaire (art. 36 à 43 DTFJ), l'art. 41 al. 4
DTFJ dispose que l'avocat a également droit au remboursement de ses
débours. Citant une circulaire de l'Ordre des avocats valaisans du 10 mai
1985, le Président de la Cour civile II soutient que cette disposition
a toujours été interprétée comme excluant le remboursement des frais
de la correspondance non adressée au tribunal. Cette interprétation ne
saurait toutefois lier l'autorité judiciaire: les dispositions édictées par
l'Ordre des avocats, qui n'ont en général que la valeur de recommandations
à l'usage de ses membres, ne constituent pas en effet du droit objectif
(ATF 109 Ia 111 consid. 3c; arrêt non publié Paratte du 30 avril 1990,
consid. 2). Au demeurant, l'art. 24 al. 2 de la loi du 29 janvier 1988
sur la profession d'avocat et l'assistance judiciaire et administrative
(LPAv), loi à laquelle l'autorité cantonale s'est pourtant référée à plus
d'une reprise, déclare expressément qu'en matière d'assistance judiciaire
les frais de déplacement, de ports, de téléphone et autres occasionnés
par le litige et qui sont indispensables à sa solution sont pleinement
couverts. La loi ne prévoit pas de motifs de limiter le remboursement
aux seules démarches accomplies devant l'autorité judiciaire.

    Le principe du remboursement intégral des débours n'est pas douteux:
il est consacré non seulement par le texte de la loi (art. 24 al. 2 LPAv)
et de l'art. 41 al. 4 DTFJ, mais aussi par les jurisprudences fédérale
(ATF 109 Ia 112 consid. 3d) et cantonales (Extraits des principaux arrêts
du Tribunal cantonal du canton de Fribourg 1980 p. 61, 1983 p. 49; Recueil
de jurisprudence neuchâteloise (RJN) 1985 p. 142 s. consid. 4 et 5),
ainsi que par l'ensemble de la doctrine (HEUBERGER, op.cit., p. 81/82;
MEYER, op.cit., p. 162 et 167; CHR. FAVRE, L'assistance judiciaire
gratuite en droit suisse, thèse Lausanne 1989, p. 137; B. RIES, Die
unentgeltliche Rechtspflege nach der aargauischen Zivilprozessordnung
vom 18. Dezember 1984, thèse Zurich 1990, p. 235). Sont en particulier
couverts les frais de téléphone et de vacation (HEUBERGER, op.cit., p. 82;
MEYER, ibid.), voire les frais de photocopies, autant qu'ils ne sont pas
compris dans les frais généraux de l'étude (arrêt X. du 20 février 1980,
SJ 103/1981 p. 312 consid. 2g; arrêt non publié Casanova du 8 octobre 1980,
consid. 4b; arrêt Paratte précité, consid. 4; RJN 1985 p. 143 consid. 5;
Extraits ... 1986 p. 78 s.). Selon la pratique des autorités judiciaires
valaisannes, seuls les débours de l'avocat de la partie assistée peuvent
être réglés par la caisse de l'Etat, et non ceux de la partie elle-même
(Y. TABIN, Les frais de justice et la liste des frais, in RVJ 1977
p. 239 No 105; cette question est cependant controversée: cf. FAVRE,
op.cit., p. 114). Il doit toutefois s'agir de débours qui s'inscrivent
raisonnablement dans l'accomplissement de la tâche de l'avocat d'office,
à l'exclusion des démarches inutiles ou superflues (ATF 109 Ia 110/111
consid. 3b), à raison desquelles il ne saurait être rétribué (arrêt non
publié Kalbermatten du 7 juillet 1981, consid. 3). Ainsi délimité, le
remboursement des débours s'inscrit dans la jurisprudence selon laquelle
la rémunération de l'avocat doit demeurer dans un rapport raisonnable
avec la prestation fournie et la responsabilité encourue, et doit être
fixée en tenant compte en particulier des dépenses causées directement
par les opérations effectuées pour le client (ATF 93 I 122 consid. 5a).

    c) Contrairement aux textes de la loi et du tarif, ainsi qu'aux
auteurs et arrêts précités, l'autorité intimée distingue selon que
les frais encourus par l'avocat d'office ont leur source dans des
démarches entreprises auprès de l'autorité judiciaire ou au contraire
auprès de la partie assistée, de sa partie adverse ou de tiers; seuls
les premiers, qualifiés de judiciaires, pourraient être remboursés au
titre de l'assistance judiciaire. Cette distinction est dépourvue de
justification. En matière civile tout particulièrement, le défenseur
d'office est amené à accomplir dans le cadre du procès nombre de démarches
"extrajudiciaires", par exemple pour recueillir des déterminations
de son client ou de la partie adverse, respectivement de son conseil,
ou pour rechercher une transaction. Or, il n'est pas contestable que
les frais encourus à cette fin, pour peu qu'ils soient justifiés par
la défense des intérêts de son client, doivent être remboursés (RIES,
op.cit., p. 234). C'est ainsi que FAVRE (op.cit., p. 140) déclare que les
éléments que l'autorité doit prendre en considération dans sa taxation "ne
se limitent pas à l'activité perceptible, déployée devant les tribunaux,
mais comprennent également les démarches préparatoires telles que visites
et conférences avec le client" (dans le même sens, RIES, ibid.). La
décision attaquée est d'autant plus incompréhensible que les procédés
en cause peuvent conduire à une liquidation rapide du dossier avec, pour
corollaire, une économie des deniers de l'Etat (considération qui n'est pas
étrangère à la jurisprudence: cf. arrêt Multone précité, consid. 2b/bb).

    d) Il est vrai que le Tribunal fédéral a eu l'occasion de constater
qu'à Genève l'avocat d'office est également indemnisé pour des activités
extrajudiciaires (ATF 109 Ia 110 s. consid. 3a et b; arrêt V. précité, SJ
107/1985 p. 13, solution qui n'a pas été modifiée par le nouveau règlement
du 24 août 1988 sur l'assistance juridique), ce qui laisserait entendre
qu'il appartient au droit cantonal de définir et distinguer les procédés
judiciaires et extrajudiciaires. En réalité, cette affirmation doit être
comprise dans une acception différente. Le droit genevois accorde une
assistance "juridique", c'est-à-dire aussi en dehors d'une procédure
judiciaire ou préalablement à celle-ci (cf. art. 143 A al. 1 de la loi
d'organisation judiciaire du 22 novembre 1941). Le droit à l'assistance
juridique ne découlant pas dans ce cas de l'art. 4 Cst. (FAVRE, op.cit.,
p. 114; RIES, op.cit., p. 49), l'avocat ne saurait déduire de cette seule
disposition le droit d'être rétribué pour ses opérations hors procès.

    e) En refusant en principe le remboursement des débours
extrajudiciaires du recourant, sans même examiner s'ils étaient justifiés
et conformes à l'activité déployée par l'avocat, l'autorité cantonale est
donc tombée dans l'arbitraire. La décision attaquée apparaît d'autant
plus choquante dans son résultat que l'avocat d'office ne peut exiger de
la partie assistée aucune indemnité complémentaire à celle qui lui a été
versée par la caisse de l'Etat (ATF 108 Ia 12 s. consid. 1 et les auteurs
cités), notamment à raison de ses débours (HEUBERGER, op.cit., p. 89 in
fine). Or, s'il ne peut prétendre s'enrichir avec les causes d'office, au
moins l'avocat ne doit-il pas s'appauvrir en assumant celles-ci (FAVRE,
op.cit., p. 140). Aussi convient-il de l'annuler. Le Tribunal fédéral
n'a cependant pas à déterminer les montants qui doivent être remboursés
au recourant. Il appartiendra au contraire à l'autorité cantonale de
contrôler la pertinence et l'exactitude de l'état de frais produit,
en se conformant aux critères exposés ci-dessus.